March 24 – Death Valley (4) – Nord

Ubehebe Crater

Ce site est à plus d’une heure de route de route de Furnace Creek, mais un cratère de volcan ça ne se rate pas! Ce cratère est très récent à l’échelle des temps géologiques, puisqu’il s’est formé il y a environ 2000 ans, alors que les humains peuplaient déjà la région.

Ce cratère fait 800 mètres de diamètre et 180 mètres de profondeur. Il s’est formé lors d’une violente explosion volcanique. Comme expliqué dans un article précédent, la Vallée de la Mort fait partie de la province géologique du Basin and Range, qui est encore en extension aujourd’hui. Par endroits, la croûte terrestre est plus fine et ce contexte géologique favorise la présence de magma relativement proche de la surface. Dans le cas du cratère Ubehebe, le magma est entré en contact avec un aquifère à plusieurs dizaines à centaines de mètres sous la surface. Au contact avec le magma, l’eau de l’aquifère s’est transformée en vapeur, créant une énorme surpression qui a pulvérisé la roche sur plus de 15 km2 et créé ce cratère.

Le cratère est à plus de 800 mètres d’altitude, la température y est donc relativement moins chaude qu’au niveau de la croûte de sel. Un vent soutenu nous rafraichit tout au long de notre tour sur la bordure du cratère en plein soleil.

Une vaillante plante sur la bordure du cratère

Des cratères plus petits sont également adjacents au cratère principal. Des strates sont visibles dans les cratères. La roche de couleur orange est probablement la roche restante dont une partie a été pulvérisé par l’explosion. Les strates de couleur sombre situées au dessus sont formées par les retombées de cendres formées lors de l’explosion.

Mesquite Flat Sand Dunes

Sur le trajet du retour, nous nous arrêtons au dunes de la plaine de Mesquite. La journée a déjà été longue et nous nous contentons donc de monter sur une dune pour admirer le paysage et les fourmis!

Camping

Nous retournons au camping à la tombée de la nuit et retrouvons nos voisins de camping pour un nouveau banquet sous les étoiles pour partager nourritures, découvertes, et autres histoires. Un site que nous n’avons pas pu aller voir, parce qu’il est excentré et parce qu’il faut une voiture tout-terrain pour s’y rendre, est Racetrack Valley. Cette plaine est couverte de roches éparses qui avancent (très) lentement sur la plaine en laissant l’empreinte de leur passage sur le sol. Pour se rendre compte du déplacement il faut s’y rendre à plusieurs années d’intervalle. Ce sont les cycles de gel et dégel qui permettent aux roches de se déplacer sur la surface légèrement inclinée de la plaine.

Cet article fait partie d’une série d’articles consacrés à mon voyage dans l’Ouest des États-Unis en mars-avril 2022. Vous pouvez accéder à la liste des articles de cette série, à l’article précédent (March 24 – Death Valley (3) – Furnace Creek), et à l’article suivant (March 25 – Death Valley (5) – Ouest).

March 24 – Death Valley (3) – Furnace Creek

Golden Canyon loop

Ce matin nous commençons par une randonnée dans les badlands que nous avons surplombés la veille depuis Zabriskie Point. La montée se fait à l’ombre dans les canyons qui serpentent à travers les falaises de grès et d’argile. Nous empruntons d’abord le Golden Canyon pour atteindre Red Cathedral, dont le chemin se termine par une montée très abrupte au pied de la falaise. Ensuite, nous rebroussons chemin sur quelques centaines de mètres pour suivre un chemin qui traverse les badlands et rejoint Gower Gulch, un canyon plus large qui nous ramène vers notre point de départ.

Golden Canyon
Golden Canyon
Golden Canyon

Les badlands dans lesquels nous marchons sont constitués de grès et d’argile qui se sont formés il y a 3 à 5 millions d’années. À cette époque-là, la vallée de la Mort n’était pas encore aussi basse par rapport aux montagnes qui l’entourent et les dépressions étaient remplies de lacs. Les couches de sédiments constituées de sable, d’argile et de cendres volcaniques se sont déposées horizontalement au fond des lacs, se sont solidifiées pour former des roches sédimentaires, puis on été inclinées par l’activité tectonique de la région. L’évaporation des lacs et le jeu des failles à l’origine de la vallée ont exposé ces roches sédimentaires à la surface, et les ont soumises à l’altération. Les nombreux canyons et ravines montrent que ces badlands ont été façonnés par l’action de l’eau lors de crues subites appelées flash floods.

Badlands et Telescope Peak à l’horizon
Montée à l’ombre du Manly Beacon

Les roches sombres sont des coulées de lave qui se sont déposées au fond du lac. En se refroidissant, la lave a réchauffé l’eau du lac. Ce changement de température a favorisé la précipitation de minéraux tels que le borax, le gypse, et la calcite, dont une partie a été exploitée par les companies minières au début du XXe siècle.

Falaises de Red Cathedral
Gower Gulch
Gower Gulch
Sortie de Gower Gulch – une tranchée a été creusée par une rivière éphémère
Canyon donnant sur Gower Gulch
Retour vers notre point de départ
Coulées volcaniques en haut de la falaise
Vallée de la Mort et Telescope Peak

Harmony Borax Works

La ruée vers l’or et autres métaux n’a pas produit beaucoup de fortunes dans la région, c’est le borax, « l’or blanc du désert », qui était le plus rentable. À cette époque, le borax était utilisé entre autre par les forgerons, les pottiers, dans les fermes laitières, l’industries de la viande, et pour certains travaux ménagers. Harmony Borax Works était l’une des premières usines de Borax dans la Vallée de la Mort. Cet atelier a été opérationnel de 1883 à 1888. Les problèmes financiers du propriétaire William Coleman et la découverte de borax à d’autres sites en Californie a précipité la fermeture de l’atelier après 5 ans de production.

Les ouvriers chinois recrutés à San Francisco étaient chargés de récolter la croûte de sel contenant le borax et de l’amener à l’atelier de raffinage sur des chariots. Ces ouvriers étaient payé $1.30 par jour sans compter le logement et la nourriture qu’ils devaient acheter au magasin de l’usine. Des abris de fortune et des tentes étaient installés dans la plaine à côté de l’atelier. Les ouvriers chinois y dormaient et mangeaient alors que les autres ouvriers étaient hébergés a Furnace Creek Ranch.

Plaine de sel d’où était extrait le borax et où vivaient les ouvriers chinois.

Le borax est rafiné, afin de le séparer de la boue et des autres sels avec lesquels il est mélangé. Le raffinage devait être fait sur place afin de transporter moins de minerai et diminuer le coût du transport. Le minerais est d’abord versé dans une cuve d’eau bouillante à laquelle on ajoute de la soude. Le borax est dissous tandis que la boue et la chaux sédimentent au fond de la cuve. Le borax dissout est transféré dans des cuves de refroidissement dans laquelle il recristallise sur des tiges métalliques. Des toiles épaisses imbibées d’eau sont placées autour des cuves pour les refroidir par évaporation de l’eau. Le borax ne critallisant pas à des températures supérieur à 49oC, l’atelier ne fonctionnait pas pendant l’été. Le borax rafiné est ensuite détaché des supports métalliques. Ce processus est répété plusieurs fois pour produire du borax plus concentré. Le borax était ensuite mis en sacs pour le transport.

Ensemble de l’atelier de purification du borax – de gauche à droite: la chaudière (partiellement cachée par la construction en pierre), les cuves de dissolution du borax, et les cuves de sédimentation des impuretés.
Chaudière
Chaudière et cuves de dissolution du borax

Pendant plus d’un siècle, les atelages de vingt mules ont été le symbole de l’industrie du borax. La Vallée de la Mort étant particulièrement inospitalière et loin des lieux de vente et d’utilisation du borax, seules les mules étaient assez résistantes pour transporter ce minerais. Chaque atelage tirait une charge de plus de 33 tonnes (dont 4500 litres d’eau potable), et devait traverser plus de 250 km de montagnes et de plaines désertiques pour atteindre la gare la plus proche.

Convoi tiré par les atelages de vingt mules, la réserve d’eau (à gauche) étant l’arrière du convoi.
Plaine de sel d’où était extrait le borax.

Salt Creek

Nous quittons la route principale pour emprunter une route en terre et rejoindre notre destination: Salt Creek. La route serpente, et au détour d’un virage Cyrus me dit: « Tu vois ces espèces de touffes d’herbes? Quand on voit ça en Iran, ça veut dire qu’il y a de l’eau pas loin ». Et au virage suivant, on se retrouve face à une rivière! On aurait pû s’en douter, la traduction de « Salt Creek » étant « ruisseau salé », voici l’oasis au milieu du désert.

La source de cette rivière est à près de deux kilomètres en amont de cette balade. L’eau de la source est saumâtre et devient de plus en plus salée à cause de l’évaporation intense. Selon les saisons cette eau peut être plus salée que l’eau de mer. Bien que l’eau soit trop salée pour être une source d’eau potable pour les humains, cette rivière est source de vie pour de nombreuses espèces animales et végétales. Les oiseaux migrateurs y font halte, on y trouve également de nombreux insectes, des lapins, des souris, des lésards et autres reptiles, et même des renards et des coyotes.

Cette rivière abrite également une espèce de poisson, le pupfish, qui a une espérence de vie d’environ un an et s’est adapté à l’environnement changeant. Il y a 10,000 ans, les ancêtres des pupfishs vivaient dans un grand lac d’eau douce qui remplissait la vallée. Sous le climat de plus en plus aride, les lacs se sont évaporés et les pupfishs se sont retrouvés prisonniers dans des mares dispersées à travers le désert. Le pupfish s’est diversifié en plusieures sous-espèces adaptées à des habitats spécifiques et ayant des formes, des dessins, et des stratégies de survie différentes. Ces espèces sont capables de survivre dans de l’eau douce à salée (ayant une salinité plusieurs fois supérieur à celle de l’eau de mer) et dans des conditions de température très variables d’environ 0 à 37oC.

Les plantes ont aussi développé des stratégies d’adaptation au sel. Par exemple, la salicorne stocke le sel dans des cellules particulières et remplace régulièrement les parties de tiges qui contiennent trop de sel. Les Saltgrass sécrètent le sel sur leurs feuilles où les cristaux de sel aident à refléter la lumière du soleil.

Les roches sédimentaires de la Vallée de la Mort révèlent qu’avant l’âge glaciaire, la région était habitée par des chameaux, des chevaux primitifs et des félins qui ont laissé leurs empreintes dans la roche.

C’est reparti!

Cet article fait partie d’une série d’articles consacrés à mon voyage dans l’Ouest des États-Unis en mars-avril 2022. Vous pouvez accéder à la liste des articles de cette série, à l’article précédent (March 23 – Death Valley (2) – Sud), et à l’article suivant (March 24 – Death Valley (4) – Nord).

March 23 – Death Valley (2) – Sud

Visitor Center

Contrairement à de nombreux parcs nationaux américains, il n’y a pas de gare de péage à l’entrée du parc, peut-être à cause de l’étendue du parc, d’une surface de 13,650 km2, et des multiples routes d’accès. Les visiteurs doivent aller payer leur entrée au Visitor Center, qui dans notre cas était gratuite car nous possédons déjà le passe annuel des parcs nationaux, qui s’applique dans tout le pays!

Après avoir récupéré le journal du parc, qui décrit les lieux à voir en priorité, nous décidons de notre programme. Notre camping est situé proche de Furnace Creek, un point relativement central d’où on peut rayonner vers les différents sites. On est fin mars, mais les températures s’élèvent déjà à plus 34oC dans l’après-midi. Nous réservons donc les premières heures de la journée pour les randonnées les plus longues afin d’éviter de marcher trop longtemps aux heures les plus chaudes de la journée. Les lieux à visiter sont variés: croûte de sel, badlands, canyons, cratères de volcans, lieux d’activité minière, dunes de sable, et autres surprises. Suivez la visite!

Badwater Basin

Nous sommes déjà sous le niveau de la mer et continuons à descendre dans la vallée vers Badwater Basin. La route commence par un avertissement notifiant que la prochaine station essence est à plus de 110 km. Notre destination est le bassin de Badwater, le point le plus bas de la Vallée de la Mort situé à 86 mètres sous le niveau de la mer, au pied de Dantes View où nous nous trouvions quelques heures plus tôt.

L’eau est rare et donc précieuse dans la Vallée de la Mort. Ce lieu a été nommé Badwater, parce que l’eau était trop salée pour être consommée. Mais, cette eau est source de vie pour certaines espèces d’herbe, d’insectes, et de larves aquatiques. On y trouve l’une des espèces les plus rares de la Vallée de la Mort: l’escargot de Badwater. Cette mare est remplie d’eau toute l’année et est l’expression de surface d’un aquifère souterrain. L’eau de l’aquifère remonte à cet endroit en suivant la faille à l’origine de la bordure Est de la vallée. En passant à travers les couches de sel, l’eau douce en dissout une partie et devient salée à son arrivée à la surface.

La plaine de sel de Badwater évolue constamment: les cristaux de sel (majoritairement NaCl) grandissent en formant une croûte très irrégulière, la poussière se dépose sur les cristaux ou en est chassée en fonction du vent, les pluies dissolvent les cristaux de sel dans des lacs temporaires, puis les sels recristallisent lorsque l’eau s’évapore.

À peu près à un quart (en partant du bas) de la falaise, un panneau (trop petit pour être visible sur cette photo) indique le niveau de la mer.

Natural Bridge et Dry Waterfall

Dans un milieu aussi aride, il est assez fascinant d’observer encore et encore des paysages façonné par l’eau: les canyons, des cascades sèches, des ravines. Cette fois-ci nous allons voire une arche. L’eau creuse la roche la moins résistante pour trouver un chemin et à cet endroit il était apparemment plus facile de creuser un trou dans la roche plutôt que de l’éroder progressivement de haut en bas. Le passage de l’eau a continué à creuser son canyon, élargissant le passage, mais a laissé une arche massive au-dessus du canyon. Plusieurs petits « toboggans » ont aussi était polis par l’eau, et la balade se termine face à une cascade sèche.

Entrée du canyon
Arche
Figures sédimentaires dans la roche, probablement des chenaux fossiles, dont les parties plus tendres s’érodent plus facilement.
Arche
Entrée/sortie du canyon
Fond de la Vallée de la Mort

Devil’s Gulf Course

La fin de la journée approche, le soleil devient rasant et les touristes fatigués ont presque tous déserté les lieux. Nous retournons sur la croûte de sel dont la forme des cristaux est soulignée par les ombres qui s’allongent.

Nous marchons avec précaution sur le sol inégal, seuls au milieu de ce paysage si particulier. Ce lieu est appelé le Golf du Diable parce que les cristaux de sel forment parfois des sphères blanches de la taille de balles de golf. Nous avons cherché ces sphères, mais n’en avons pas trouvé.

Nous nous asseyons un moment pour écouter le concert de craquements métalliques. Les sons proviennent de la dilatation ou de la contraction des cristaux de sels lors des changements de température.

La palette des artistes

Notre dernière visite de la journée est la route de la palette des artistes. Les roches de ce lieu sont formées par l’accumulation de cendres volcaniques. De violentes éruptions volcaniques ont eu lieu il y a 27 à 7 millions d’années dans le Nord-Est du Nevada. Elles ont généré d’énormes quantités de cendres volcaniques, qui se sont disséminées dans toute la région. Le jeu des failles à l’origine de la Vallée de la Mort ont exposé ces roches à la surface. L’oxydation et l’altération de ces roches volcaniques ont formé ces canyons multicolores.

Camping

C’est l’heure de rentrer au camping, nous sommes curieux de découvrir d’autres histoires extraordinaires de John. En arrivant, nous faisons également connaissance avec nos autres voisins de camping Heidi et Lee, un couple de Californie vivant à côté du parc national des Sequoias. La nuit est déjà tombée et il n’est plus nécessaire de chercher l’ombre d’un arbuste, la température aux alentours de 25oC est idéale et il n’y a pas de moustiques! Chacun amène sa nourriture est ses boissons et nous dinons tous ensemble sous les étoiles!

Cet article fait partie d’une série d’articles consacrés à mon voyage dans l’Ouest des États-Unis en mars-avril 2022. Vous pouvez accéder à la liste des articles de cette série, à l’article précédent (March 23 – Death Valley (1) – Est), et à l’article suivant (March 24 – Death Valley (3) – Furnace Creek).