March 23 – Death Valley (1) – Est

Nous allons passer trois jours dans la Vallée de la Mort (Death Valley), ce désert inospitalier aux températures extrêmes. Nous avons prévu de camper, ce que nous pouvons encore faire en mars, mais qui n’est pas possible en été à cause des températures trop chaudes, même la nuit. Les places au camping sont attribuées selon la règle du premier arrivé, premier servi. Nous avons donc décidé de partir tôt et d’aller directement au camping, ou presque, pour choisir un emplacement et monter la tente.

Parhump

La station essence, le café et le casino (on est encore dans le Nevada) proche du centre de Parhump.

J’appréhende un peu la chaleur et le manque d’eau dans le désert. Au départ de Parhump (Nevada), nous nous arrêtons pour nous ravitailler en eau, essence, et nourriture. Dans cet environnement très sec, il faut boire au moins un gallon (3.5L) par jour et par personne et manger salé pour éviter de se déshydrater. Nous complétons donc nos réserves pour avoir 3 gallons d’eau et un pack de bouteilles d’eau, que nous pouvons remplir de nouveau au camping, et suffisamment de nourriture pour les trois jours (nourriture déshydraté, beef jerky, thé, graines et fruits secs). Puis, nous prenons la route entre les maisons éparses qui forment la petit ville de Parhump avant de nous retrouver de nouveau au milieu d’étendues désertiques.

Route vers le Parc National de la Vallée de la Mort

L’accès a l’un des points d’intérêt du parc, Dantes View, est sur notre route. Nous bifurquons donc sur une route plus montagneuse en bordure de la limite du parc.

Activité minière à la limite du parc
Activité minière à la limite du parc

Dantes View

Nous faisons un premier arrêt à Dantes View, un point de vue panoramique sur la Vallée de la Mort et la chaine de Panamint depuis les Black Mountains. Nous sommes à plus de 1700 mètres d’altitude, juste au-dessus du point le plus bas de la vallée à 86 mètres sous le niveau de la mer. Dantes View tient son nom de l’auteur de la Divine Comédie qui parle de l’enfer, du purgatoire, et du paradis.

Death Valley – vue vers le Nord
Death Valley – vue panoramique depuis les Black Mountains

Cette alternance de chaines de montagnes et de vallées orientées Nord-Sud s’explique par une étirement Est-Ouest de la lithosphère. Ce phénomène affecte presque toute la surface du Nevada et une partie des états adjacents comme la bordure Est de la Californie: c’est la province du basin and range. L’étirement Est-Ouest génère des failles normales d’orientation Nord-Sud. Ces failles sont alternativement inclinées vers l’Est et l’Ouest et les mouvements relatifs de la croute terrestre le long de ces failles forme une succession de horsts (montagnes) et de grabens (vallées). La Vallée de la Mort est un graben et le fond de la vallée est légèrement incliné vers l’Est. Les sédiments s’accumulent donc davantage dans cette partie du bassin qui est néanmoins le point le plus bas des États-Unis continentaux.

Death Valley – vue vers le Nord-ouest
Death Valley – vue vers le Nord

La Vallée de la Mort est un bassin endoréique de plus de 23,000 km2. C’est-à-dire que les précipitations qui tombent dans ce bassin ne s’évacuent pas vers la mer, mais que l’eau reste piégée dans le bassin et ne peut en sortir que par évaporation. Lors de son écoulement sur le flanc des montagnes, l’eau dissout la roche sur son passage et s’enrichit en sels minéraux.

Death Valley – vue vers le Nord-ouest
Death Valley – vue vers l’Ouest, sur le Telescope Peak (3366 m d’altitude) dans la Chaine de Panamint

Il y a plus de 10,000 à 12,000 ans, la vallée était remplie par un lac qui s’est progressivement réduit à cause de l’évaporation intense et du faible apport en eau. Aujourd’hui, les précipitations forment des crues subites et des lacs temporaires. En 2005, la Vallée de la Mort a reçu quatre fois plus de précipitations (38mm) que d’ordinaire et un lac s’est formé au fond de la vallée. Une semaine plus tard, le lac était déjà complètement évaporé.

Death Valley – vue vers le Sud
Death Valley – vue vers le Nord

L’évaporation de l’eau concentre les minéraux jusqu’à ce que seuls les sels restent et cristallisent. La majorité de ces sels ont la composition du sel de table (NaCl), mais on trouve également de la calcite, du gypse, et du borax. Les mélanges entre le sel, le sol et le sable lors des crues subites forment ces couleurs et dessins si particuliers sur le fond de la vallée.

Death Valley – vue vers le Sud
Death Valley – vue sur les cône d’alluvions en bas de la falaise
Death Valley – vue vers le Nord, sur les Black Mountains

Zabriskie Point

Notre deuxième arrêt est également un point de vue. Zabriskie Point nous fait découvrir les badlands creusés de ravines et de canyons. Tout comme au Grand Canyon, l’intérêt pour Vallée de la Mort a d’abord été minier. La présence de ce bassin endoréique dans un environnement aride favorise la formation d’évaporites, ces roches formés à partir des sels minéraux de l’eau et par évaporation de l’eau. Le borax a d’abord été découvert au fond de la vallée. À partir de 1882 de nombreuses concessions minières ont été établies dans la Vallée de la Mort, l’une juste en aval de Zabriskie Point, pour exploiter le borax.

Vers les années 1920, l’activité minière a commencé à devenir moins rentable et la Pacific Coast Borax Company, co-présidée par Christian Zabriskie, commence à chercher d’autres sources de revenu dans la vallée et se tourne vers le tourisme. Encore une similarité avec l’histoire du Grand Canyon! L’auberge de Furnace Creek ouvre en 1927 avec succès. Pour préserver cet environnement particulier et attirer d’avantage de touristes, la compagnie minière défend la protection de la Vallée de la Mort, qui devient National Monument en 1933 et National Park en 1994. L’activité minière creuse de larges fosses qui changent considérablement le paysage. À partir de 1976, une nouvelle loi interdit la prospection minière et régule fortement l’activité minière dans le parc national.

Il est toujours étonnant de rencontrer un buisson bien vert sur le bord de la route!
Furnace Creek Inn

Camping

C’est l’heure d’aller s’installer au camping. Il y a plusieurs options, celle qui me plait le plus est le Texas Springs Campground qui est réservé uniquement aux tentes. Nous tentons donc notre chance. Plusieurs arbustes et petits arbres parsèment le site, la plupart des emplacements où la tente pou être installé à l’ombre sont déjà pris, mais nous trouvons tout de même un emplacement où nous pouvons nous assoir à l’ombre si besoin.

Dès notre arrivée, nous rencontrons notre voisin de camping, John, un vieux routard qui se repose à l’ombre d’un arbuste. Après quelques minutes de conversation, il nous prête un clou et un marteau pour pouvoir planter nos piquets de tente. En effet, la terre du désert, ce n’est pas l’humus des alpages ou de la Nouvelle Angleterre, c’est dur comme de la roche. La technique est donc d’avoir un grand clou et un marteau, de faire les trous avec le clou, puis d’utiliser ces trous pour planter les sardines.

Nous nous acquittons du payement du camping à la borne, puis nous repartons vers le Visitor Center pour glaner des informations et conseils afin de planifier au mieux notre visite.

Cet article fait partie d’une série d’articles consacrés à mon voyage dans l’Ouest des États-Unis en mars-avril 2022. Vous pouvez accéder à la liste des articles de cette série, à l’article précédent (March 22 – Red Rock Canyon National Conservation Area), et à l’article suivant (March 23 – Death Valley (2) – Sud).

March 22 – Red Rock Canyon National Conservation Area

Après la visite du Hoover Dam et un court arrêt à Las Vegas, nous terminons notre journée à la réserve naturelle de Red Rock Canyon.

Les dunes de sable fossile sont l’attraction de ce parc. Elles se sont formées il y a environ 180 millions d’années dans un environnement très sec; l’ensemble du parc d’aujourd’hui était couvert de dunes de sable géantes, qui formaient l’un des plus grands champs de dunes de l’histoire de la Terre. Au fil des millions d’années et par interaction avec les eaux souterraines, ces dunes de sables se sont solidifiées pour former les grès que l’on voit aujourd’hui. Les migrations des dunes sous l’action du vent sont encore visibles grâce aux figures de sédimentation qui forment des strates inclinées qui se recoupent. Par endroits, ces grès sont riches en fer, qui s’est oxydé lorsque la roche s’est retrouvée en contact avec l’atmosphère, donnant à la roche sa couleur rouge.

Lors des pluies, l’eau s’accumule dans les dépressions et les crevasses de la roche, permettant à la végétation de se développer. Certaines espèces animales se sont aussi adaptées à cet environnement où la présence d’eau est éphémère, comme le red-spotted toad. Ce crapaud se terre dans la boue des crevasses lors des périodes sèches et vient pondre dans les mares lorsqu’il pleut. Les œufs éclosent et les tétards se développent rapidement pour atteindre l’âge adulte en 40 jours. Une espèce de crevette est également capable de passer du stade où elles sortent de l’œuf au stade où elles pondent en 15 jours. Les œufs peuvent ensuite survivre des années à la sécheresse et éclosent à la première pluie.

Grimpeurs sur la falaise de grès rouges.
Dunes fossiles et végétation désertique au premier plan.
Dunes fossiles
Cèdre et Yuccas

Après quelques arrêts aux points de vue remarquables, nous terminons notre visite par une randonnée dans un des canyons du parc.

Montée dans le canyon
Descente à l’ombre des parois du canyon avec vue sur les dunes fossiles de grès rouge.
Dunes fossiles au coucher du soleil.

Notre destination du jour est Parhump, un bourg à la frontière avec la Californie, aux portes du parc national de la Vallée de la Mort où nous nous rendons le lendemain.

Sur la route vers Parhump (Nevada), proche de la frontière avec la Californie – des Joshua Trees!

Cet article fait partie d’une série d’articles consacrés à mon voyage dans l’Ouest des États-Unis en mars-avril 2022. Vous pouvez accéder à la liste des articles de cette série, à l’article précédent (March 22 – Hoover Dam), et à l’article suivant (March 23 – Death Valley (1) – Est).

March 22 – Descente du Colorado Plateau

Ce matin, nous repartons sur la route. L’objectif de la journée est d’atteindre Parhump (Nevada), proche de la frontière avec la Californie et du Parc National de la Vallée de la Mort.

Nous quittons Tusayan vers 7h (merci le décalage horaire!), direction plein Sud vers Williams (Arizona). La végétation change progressivement, passant d’une forêt à arbustes à une prairie d’herbes couleur paille. La surface du plateau du Colorado n’est pas plate, bien sûr il y a les canyons, mais il y a aussi des volcans dont la forme conique aux pentes relativement abruptes est caractéristique.

Kaibab National Forest
La ligne de chemin de fer qui monte jusqu’au Parc National du Grand Canyon.
Kaibab National Forest

Avant de repartir vers l’Ouest, nous faisons une pause dans la petite ville de Williams. Williams peut faire penser à la version moderne d’un village de western. Ce village-étape au bord de l’autoroute 40 a une rue principale et concentre quelques stations essence, restaurants de fast-food, un supermarché, et plusieurs dizaines de maisons, dont une bonne partie ressemble à des mobilhomes. Il y a tout de même une gare, qui permet d’avoir une correspondance avec la ligne de train qui va jusque dans le Parc National du Grand Canyon.

L’autoroute 40 continue son chemin sur le plateau du Colorado. Le paysage, toujours parsemé de volcans, alterne entre un environnement aride et des zones plus boisées, avec de rares habitations, parfois rudimentaires. La route coupe par endroits à travers des couches de roches volcaniques ou de roches sédimentaires. Plus loin, nous traversons également des zones granitiques, reconnaissables à leurs gros blocs rocheux arrondis, et certaines collines sont recouvertes de coulées de lave. Le volcanisme de la région est associé à la formation des Rocheuses et à l’élévation du plateau du Colorado.

Un volcan!
Coulée de lave recouvrant la colline.
Parc éolien
Descente du Plateau du Colorado – à l’horizon, les sommets enneigés du Parc National de la Vallée de la Mort ou de la Sierra Nevada

Avant de nous arrêter visiter le barrage Hoover, c’est l’heure de la pause pique-nique au bord des eaux turquoise du fleuve Colorado.

Descente vers Willow Beach par une petite route qui serpente à travers les badlands.
Willow Beach – fleuve Colorado, en aval du barrage Hoover.

Cet article fait partie d’une série d’articles consacrés à mon voyage dans l’Ouest des États-Unis en mars-avril 2022. Vous pouvez accéder à la liste des articles de cette série, à l’article précédent (March 21 – Grand Canyon – Hermits Rest Route), et à l’article suivant (March 22 – Hoover Dam).