May – Après les fleurs, les petits canards!

Lorsque nous ne voulons pas prendre la voiture et que nous nous promenons dans les environs de Germantown, nous avons tendance à suivre les mêmes chemins. Le Lake Churchill reste notre destination principale, mais le paysage, autant visuel que sonore, a beaucoup changé au cours des dernières semaines avec l’arrivée du printemps. La nature se réveille du sommeil de l’hiver et est beaucoup plus active, colorée et bourdonnante.

Je n’ai ni le matériel ni les compétences pour faire de belles photos d’oiseaux et autres animaux. Heureusement, mon amie Lætitia est une spécialiste! Les liens de cet article redirigent donc vers son blog pour que vous puissiez admirer ces espèces de plus près, souvent plus colorées que leurs équivalents européens.

Lors de n’importe quelle balade, ou même dans le centre de Germantown, il est difficile de rater les Lapins à queue blanche (Cottontail Rabbit) sautant dans les fourrés et les Écureuils Gris (Eastern Gray Squirrel) faisant des acrobaties dans les arbres. Il est plus rare de voir des Écureuils Noirs, mais c’est tout de même plus fréquent que d’apercevoir un simple écureuil en France.

Les Oies Bernaches du Canada (Canada Goose) et les canards sont aussi des constantes sur les plans d’eau. Plusieurs espèces de canards sillonnent le lac, pour l’instant je n’ai identifié que des Canards Colverts (Mallard Duck) et des Canards Branchus (Wood Duck), mais un coup d’œil dans les jumelles pourrait sûrement en dévoiler d’autres. La population de canards et surtout la population d’oies a beaucoup augmenté ces derniers temps. Comme l’année dernière à Elm Park (Worcester, Massachusetts), nous suivons la croissance des oisons et des canetons de jour en jour, ainsi que leur changement de plumage. Le Lake Churchill étant plus grand que le plan d’eau d’Elm Park, les familles d’oies établies sont plus nombreuses et la nurserie est parfois installée en plein milieu du chemin et défendue par des adultes agressifs. Un recensement approximatif récent indiquait malheureusement quelques pertes, qui ont peut-être fait la joie du renard qu’on a vu traverser le chemin un soir.

Lors de nos promenades, il est courant de voir des Merles d’Amérique (American Robin) sautiller sur les pelouses, des Cardinaux Rouges (Northern Cardinal) offrant un fort contraste sur fond de feuillages, et des Carouges à épaulettes (Red-winged Blackbird) perchés sur les roseaux ou sur la bouche de régulation de sortie d’eau au niveau du barrage qui sépare le Lake Churchill du Little Seneca Creek. Un Grand Héron (Great Blue Heron) affectionne particulièrement la hutte du castor pour se percher et est parfois relayé par un Bihoreau gris (Black-crowned Night Heron).

Plus rarement, il nous arrive de voir un Rougequeue noir (Black Redstart) et bien sûr de nombreux petits passereaux que mes connaissances ornithologiques basiques ne me permettent pas d’identifier. Proche du barrage, il nous est aussi arrivé de voir une espèce de Quiscale (Grackle). Pour donner une idée, Lætitia a une photo de Quiscale bronzé (Common Grackle), mais je pense que nous avons vu une autre espèce, d’un bleu plus foncé et avec un bec un peu plus long et incurvé.

Un peu en retrait des berges du lac, dans les sous-bois, il est fréquent d’entendre les pics taper sur les troncs d’arbres mais plus rare de les apercevoir. Je crois que celui que l’ont voit occasionnellement est un Grand Pic (Pileated Woodpecker). Au ras du sol, on peut parfois apercevoir furtivement les rayures des Tamias (Eastern Chipmunk), qui sont beaucoup plus craintifs et rapides que les écureuils. Depuis que la végétation s’est épaissie, les corvidés semblent s’approcher davantage tout en restant à l’abri des regards derrière les feuillages. Récemment nous avons vu à plusieurs reprises un Chevreuil (European roe deer) ou un Cerf de Virginie (White-tailed Deer). Une fois, nous avons vu un Raton Laveur grimper à un arbre pour aller visiter un trou du tronc duquel il a promptement été mis à la porte dans un concert de cris et grognements.

En fonction du moment de la journée, la probabilité de voir certaines espèces varie. En journée, lorsque le soleil chauffe bien, les tortues se hissent sur les branches ou les rochers émergeant de l’eau pour emmagasiner un maximum d’énergie. Le soir, à la tombée de la nuit, il est courant de voir la tête du Castor du Canada (Beaver) émerger légèrement de la surface du lac et se diriger vers une zone d’herbes, de feuilles et de branchages. Nous l’avions vu la première fois en janvier dernier et depuis, nous l’apercevons régulièrement. Même si on est sur le chemin, à quelques mètres en train de l’observer, il n’hésite pas à grimper sur la berge pour se restaurer.

Les soirs où peu de monde se promène autour du lac, nous sommes accueillis par le chant des grenouilles, que nous apercevons rarement, d’une part parce que le chemin n’est pas toujours directement sur la berge, mais aussi parce que les grenouilles (ou crapauds) se camouflent très bien dans la vase qui borde le lac. Depuis peu le chant des cigales se mêle à celui des grenouilles. Cette année, la population de cigales a littéralement explosé, ce qui arrive apparemment tous les 17 ans.

J’espère que ce petit tour d’horizon des habitants du Lake Churchill vous a plu. Je vous tiendrai informés de tout nouvel habitant ou comportement insolite!

Apr 11 – Little Seneca Creek

Aujourd’hui nous avons décidé de nous promener près de chez nous sans prendre la voiture. Si vous avez lu les articles précédents vous allez me dire que c’est ce qu’on fait en général et vous n’avez pas tort! Nous avons donc commencé par une étape très habituelle: le lac Churchill. Mais au lieu d’en faire le tour et de rentrer à la maison, nous avons choisi de continuer notre promenade le long de la berge Nord-Est du Little Seneca Creek jusqu’au Black Hill Regional Park.

Cette portion du cours d’eau s’élargit pour former un lac suite à la construction d’un barrage visant à établir une réserve d’eau potable. En aval du barrage, la rivière passe sous le Chesapeake and Ohio Canal puis se jette dans le Potomac.

Little Seneca Creek
Little Seneca Creek

Nous avions pris les jumelles et nous en avons profité pour observer la faune locale. Parmis nos observations, il y avait des Cardinaux qui sont facilement repérables à leur plumage rouge. Nous avons aussi suivi un pic, possiblement un Grand Pic. N’hésitez pas à me corriger pour l’identification dans les commentaires si la photo le permet! Le pic volait d’arbre en arbre pour trouver sa nourriture. J’ai pu le prendre en photo lorsqu’il s’est intéressé à un tronc mort tombé au sol. C’était assez impressionnant de voir le voir taper furieusement sur le bois pourri avec son bec et envoyer des copeaux de bois dans tous les sens. C’est le deuxième pic qu’on voit faire ça, ces tronc morts doivent regorger d’insectes bien juteux!

Un pic en quête de nourriture.
Une oie bernache du Canada
Cyrus prenant le paysage en photo.

Les nuages se sont fait de plus en plus rares au cours de l’après-midi. Les tortues en ont profité pour sortir de l’eau et s’aligner en brochette sur les troncs d’arbre partiellement immergés dans le lac pour se faire rotir au soleil. Pour les voir de plus près nous avons quitté le chemin et nous sommes approchés de la berge à travers les buissons. En retournant vers le chemin nous avons aperçu une biche camouflée entre les branches.

Une brochette de tortues, probablement des tortues peintes.

Pour compléter cette boucle d’une petite dizaine de kilomètres, nous avons coupé en suivant la route et la journée s’est terminée par une belle averse assortie d’un double arc-en-ciel!

Apr 4 – Les cerisiers sont en fleur

En ce moment, c’est le printemps! Les bourgeons des arbres ont grossi mais les feuilles ne sont pas encore sorties. Par contre les fleurs sont déjà ouvertes et colorent la nature après les tons plus ternes de l’hiver. La nature s’éveille au chant des oiseaux et au bourdonnement des insectes.

Après notre promenade au Jug Bay Wetlands Sanctuary, nous nous sommes arrêtés à Washington sur le National Mall, où nous avions passé un après-midi l’année dernière pour voir la Maison Blanche et le Capitole. Cette fois-ci nous voulons voir les cerisiers autour du Tidal Basin. Contrairement à notre première excursion, lors de laquelle nous étions quasiment tout seuls au milieu du National Mall sous un soleil de plomb, cette fois-ci nous avons bataillé dans les embouteillages et pour trouver une place où se garer.

Après un créneau serré, nous nous dirigeons directement vers le Tidal Basin, assailli par les visiteurs pour le Cherry Blossom Festival, qui a lieu de mi-mars à mi-avril.

Lincoln Memorial derrière les jets d’eau du mémorial de la Seconde Guerre Mondiale.

Brève histoire des cerisiers du National Mall

En 1885 la journaliste Eliza Scidmore propose de planter des cerisiers au bord du fleuve Potomac à la suite d’un voyage a Japon. En 1906 David Fairchild plante plusieurs cerisiers dans sa propriété située dans le Maryland pour tester si les cerisiers sont adaptés au climat local. Suite au succès de cette expérience, la famille Fairchild encourage la plantation de cerisiers dans la région. Ceci encourage également Eliza Scidmore à réitérer son idée de planter des cerisiers sur le National Mall auprès des autorités en 1909. La première dame Helen Taft reçoit l’idée favorablement et soutient Eliza Scidmore. Jokichi Takamine, un chimiste japonais de passage à Washington DC, a vent du projet. Il propose une donation de 2,000 cerisiers et obtient le soutient du maire du Tokyo.

En décembre 1909 les arbres arrivent à Seattle et début janvier à Washinton DC. Malheureusement ils sont infestés d’insectes et malades, et doivent être brûlés. Le maire de Tokyo Yukio Ozaki propose alors une seconde donation de 3,020 cerisiers qui arrivent fin mars 1912 à Washington DC. La première dame Helen Taft et la femme de l’ambassadeur du Japon Viscountess Chinda plantèrent les deux premiers cerisiers sur les berges du Tidal Basin.

Cela initia des relations amicales assorties de cadeaux réciproques entre les deux nations. En 1965, le gouvernement japonais fit une autre donation de 3,800 cerisiers Yoshino, qui sont maintentant plantés autour du Washington Monument. Les Washingtoniens tiennent particulièrement à la préservation des cerisiers. En 1938, les plans du Jefferson Memorial prévoyaient d’empiéter sur la zone des cerisiers. Dans un dernier effort pour tenter d’empêcher l’abattage programmé des cerisiers après de nombreuses manifestations, Eleanor “Cissy” Patterson, propriétaire du journal Washington Times-Herald, mena la rébellion des cerisiers pendant laquelle un groupe de femmes s’enchaîna aux cerisiers en signe de protestation.

Aujourd’hui le parc habrite environ 3,800 cerisiers de 12 variétés différentes autour du Tidal Basin, du Washington Monument, et le long du fleuve Potomac. Selon la variété la couleur des fleurs varie de rose à blanche. Les variétés Yoshino et Kwanzan sont maintenant les plus communes dans la capitale. Les cerisiers plantés au bord du Tidal Basin sont majoritairement de la variété Yoshino, leurs fleurs blanches donne cet effet de nuage autour du bassin. La variété Kwanzan donne des fleurs roses qui éclosent environ 15 jours après les fleurs des cerisiers Yoshino. Les orticulteurs continuent de prélever des boutures et de planter de nouveaux cerisiers pour assurer la continuité des espèces présentes sur le National Mall.

Vers le Washington Monument

Washington Monument vu depuis la 17th Street

Vers le Tidal Basin

Cormoran pêchant devant les cerisiers en fleurs du Tidal Basin

À Germantown

Les cerisiers du National Mall sont les plus connus, mais on peut aussi voir des cerisiers dans toute la région autours de Washington DC, jusqu’au pied de mon immeuble!

Plus de détails sur les cerisiers du National Mall sont disponibles en anglais (webcam, les espèces de cerisiers, histoire des cerisiers, les femmes qui ont planté les cerisiers) sur le site du Cherry Blossom Festival, dont j’ai tiré une bonne partie des informations données dans cet article.