March 23 – Death Valley (2) – Sud

Visitor Center

Contrairement à de nombreux parcs nationaux américains, il n’y a pas de gare de péage à l’entrée du parc, peut-être à cause de l’étendue du parc, d’une surface de 13,650 km2, et des multiples routes d’accès. Les visiteurs doivent aller payer leur entrée au Visitor Center, qui dans notre cas était gratuite car nous possédons déjà le passe annuel des parcs nationaux, qui s’applique dans tout le pays!

Après avoir récupéré le journal du parc, qui décrit les lieux à voir en priorité, nous décidons de notre programme. Notre camping est situé proche de Furnace Creek, un point relativement central d’où on peut rayonner vers les différents sites. On est fin mars, mais les températures s’élèvent déjà à plus 34oC dans l’après-midi. Nous réservons donc les premières heures de la journée pour les randonnées les plus longues afin d’éviter de marcher trop longtemps aux heures les plus chaudes de la journée. Les lieux à visiter sont variés: croûte de sel, badlands, canyons, cratères de volcans, lieux d’activité minière, dunes de sable, et autres surprises. Suivez la visite!

Badwater Basin

Nous sommes déjà sous le niveau de la mer et continuons à descendre dans la vallée vers Badwater Basin. La route commence par un avertissement notifiant que la prochaine station essence est à plus de 110 km. Notre destination est le bassin de Badwater, le point le plus bas de la Vallée de la Mort situé à 86 mètres sous le niveau de la mer, au pied de Dantes View où nous nous trouvions quelques heures plus tôt.

L’eau est rare et donc précieuse dans la Vallée de la Mort. Ce lieu a été nommé Badwater, parce que l’eau était trop salée pour être consommée. Mais, cette eau est source de vie pour certaines espèces d’herbe, d’insectes, et de larves aquatiques. On y trouve l’une des espèces les plus rares de la Vallée de la Mort: l’escargot de Badwater. Cette mare est remplie d’eau toute l’année et est l’expression de surface d’un aquifère souterrain. L’eau de l’aquifère remonte à cet endroit en suivant la faille à l’origine de la bordure Est de la vallée. En passant à travers les couches de sel, l’eau douce en dissout une partie et devient salée à son arrivée à la surface.

La plaine de sel de Badwater évolue constamment: les cristaux de sel (majoritairement NaCl) grandissent en formant une croûte très irrégulière, la poussière se dépose sur les cristaux ou en est chassée en fonction du vent, les pluies dissolvent les cristaux de sel dans des lacs temporaires, puis les sels recristallisent lorsque l’eau s’évapore.

À peu près à un quart (en partant du bas) de la falaise, un panneau (trop petit pour être visible sur cette photo) indique le niveau de la mer.

Natural Bridge et Dry Waterfall

Dans un milieu aussi aride, il est assez fascinant d’observer encore et encore des paysages façonné par l’eau: les canyons, des cascades sèches, des ravines. Cette fois-ci nous allons voire une arche. L’eau creuse la roche la moins résistante pour trouver un chemin et à cet endroit il était apparemment plus facile de creuser un trou dans la roche plutôt que de l’éroder progressivement de haut en bas. Le passage de l’eau a continué à creuser son canyon, élargissant le passage, mais a laissé une arche massive au-dessus du canyon. Plusieurs petits « toboggans » ont aussi était polis par l’eau, et la balade se termine face à une cascade sèche.

Entrée du canyon
Arche
Figures sédimentaires dans la roche, probablement des chenaux fossiles, dont les parties plus tendres s’érodent plus facilement.
Arche
Entrée/sortie du canyon
Fond de la Vallée de la Mort

Devil’s Gulf Course

La fin de la journée approche, le soleil devient rasant et les touristes fatigués ont presque tous déserté les lieux. Nous retournons sur la croûte de sel dont la forme des cristaux est soulignée par les ombres qui s’allongent.

Nous marchons avec précaution sur le sol inégal, seuls au milieu de ce paysage si particulier. Ce lieu est appelé le Golf du Diable parce que les cristaux de sel forment parfois des sphères blanches de la taille de balles de golf. Nous avons cherché ces sphères, mais n’en avons pas trouvé.

Nous nous asseyons un moment pour écouter le concert de craquements métalliques. Les sons proviennent de la dilatation ou de la contraction des cristaux de sels lors des changements de température.

La palette des artistes

Notre dernière visite de la journée est la route de la palette des artistes. Les roches de ce lieu sont formées par l’accumulation de cendres volcaniques. De violentes éruptions volcaniques ont eu lieu il y a 27 à 7 millions d’années dans le Nord-Est du Nevada. Elles ont généré d’énormes quantités de cendres volcaniques, qui se sont disséminées dans toute la région. Le jeu des failles à l’origine de la Vallée de la Mort ont exposé ces roches à la surface. L’oxydation et l’altération de ces roches volcaniques ont formé ces canyons multicolores.

Camping

C’est l’heure de rentrer au camping, nous sommes curieux de découvrir d’autres histoires extraordinaires de John. En arrivant, nous faisons également connaissance avec nos autres voisins de camping Heidi et Lee, un couple de Californie vivant à côté du parc national des Sequoias. La nuit est déjà tombée et il n’est plus nécessaire de chercher l’ombre d’un arbuste, la température aux alentours de 25oC est idéale et il n’y a pas de moustiques! Chacun amène sa nourriture est ses boissons et nous dinons tous ensemble sous les étoiles!

Cet article fait partie d’une série d’articles consacrés à mon voyage dans l’Ouest des États-Unis en mars-avril 2022. Vous pouvez accéder à la liste des articles de cette série, à l’article précédent (March 23 – Death Valley (1) – Est), et à l’article suivant (March 24 – Death Valley (3) – Furnace Creek).

March 23 – Death Valley (1) – Est

Nous allons passer trois jours dans la Vallée de la Mort (Death Valley), ce désert inospitalier aux températures extrêmes. Nous avons prévu de camper, ce que nous pouvons encore faire en mars, mais qui n’est pas possible en été à cause des températures trop chaudes, même la nuit. Les places au camping sont attribuées selon la règle du premier arrivé, premier servi. Nous avons donc décidé de partir tôt et d’aller directement au camping, ou presque, pour choisir un emplacement et monter la tente.

Parhump

La station essence, le café et le casino (on est encore dans le Nevada) proche du centre de Parhump.

J’appréhende un peu la chaleur et le manque d’eau dans le désert. Au départ de Parhump (Nevada), nous nous arrêtons pour nous ravitailler en eau, essence, et nourriture. Dans cet environnement très sec, il faut boire au moins un gallon (3.5L) par jour et par personne et manger salé pour éviter de se déshydrater. Nous complétons donc nos réserves pour avoir 3 gallons d’eau et un pack de bouteilles d’eau, que nous pouvons remplir de nouveau au camping, et suffisamment de nourriture pour les trois jours (nourriture déshydraté, beef jerky, thé, graines et fruits secs). Puis, nous prenons la route entre les maisons éparses qui forment la petit ville de Parhump avant de nous retrouver de nouveau au milieu d’étendues désertiques.

Route vers le Parc National de la Vallée de la Mort

L’accès a l’un des points d’intérêt du parc, Dantes View, est sur notre route. Nous bifurquons donc sur une route plus montagneuse en bordure de la limite du parc.

Activité minière à la limite du parc
Activité minière à la limite du parc

Dantes View

Nous faisons un premier arrêt à Dantes View, un point de vue panoramique sur la Vallée de la Mort et la chaine de Panamint depuis les Black Mountains. Nous sommes à plus de 1700 mètres d’altitude, juste au-dessus du point le plus bas de la vallée à 86 mètres sous le niveau de la mer. Dantes View tient son nom de l’auteur de la Divine Comédie qui parle de l’enfer, du purgatoire, et du paradis.

Death Valley – vue vers le Nord
Death Valley – vue panoramique depuis les Black Mountains

Cette alternance de chaines de montagnes et de vallées orientées Nord-Sud s’explique par une étirement Est-Ouest de la lithosphère. Ce phénomène affecte presque toute la surface du Nevada et une partie des états adjacents comme la bordure Est de la Californie: c’est la province du basin and range. L’étirement Est-Ouest génère des failles normales d’orientation Nord-Sud. Ces failles sont alternativement inclinées vers l’Est et l’Ouest et les mouvements relatifs de la croute terrestre le long de ces failles forme une succession de horsts (montagnes) et de grabens (vallées). La Vallée de la Mort est un graben et le fond de la vallée est légèrement incliné vers l’Est. Les sédiments s’accumulent donc davantage dans cette partie du bassin qui est néanmoins le point le plus bas des États-Unis continentaux.

Death Valley – vue vers le Nord-ouest
Death Valley – vue vers le Nord

La Vallée de la Mort est un bassin endoréique de plus de 23,000 km2. C’est-à-dire que les précipitations qui tombent dans ce bassin ne s’évacuent pas vers la mer, mais que l’eau reste piégée dans le bassin et ne peut en sortir que par évaporation. Lors de son écoulement sur le flanc des montagnes, l’eau dissout la roche sur son passage et s’enrichit en sels minéraux.

Death Valley – vue vers le Nord-ouest
Death Valley – vue vers l’Ouest, sur le Telescope Peak (3366 m d’altitude) dans la Chaine de Panamint

Il y a plus de 10,000 à 12,000 ans, la vallée était remplie par un lac qui s’est progressivement réduit à cause de l’évaporation intense et du faible apport en eau. Aujourd’hui, les précipitations forment des crues subites et des lacs temporaires. En 2005, la Vallée de la Mort a reçu quatre fois plus de précipitations (38mm) que d’ordinaire et un lac s’est formé au fond de la vallée. Une semaine plus tard, le lac était déjà complètement évaporé.

Death Valley – vue vers le Sud
Death Valley – vue vers le Nord

L’évaporation de l’eau concentre les minéraux jusqu’à ce que seuls les sels restent et cristallisent. La majorité de ces sels ont la composition du sel de table (NaCl), mais on trouve également de la calcite, du gypse, et du borax. Les mélanges entre le sel, le sol et le sable lors des crues subites forment ces couleurs et dessins si particuliers sur le fond de la vallée.

Death Valley – vue vers le Sud
Death Valley – vue sur les cône d’alluvions en bas de la falaise
Death Valley – vue vers le Nord, sur les Black Mountains

Zabriskie Point

Notre deuxième arrêt est également un point de vue. Zabriskie Point nous fait découvrir les badlands creusés de ravines et de canyons. Tout comme au Grand Canyon, l’intérêt pour Vallée de la Mort a d’abord été minier. La présence de ce bassin endoréique dans un environnement aride favorise la formation d’évaporites, ces roches formés à partir des sels minéraux de l’eau et par évaporation de l’eau. Le borax a d’abord été découvert au fond de la vallée. À partir de 1882 de nombreuses concessions minières ont été établies dans la Vallée de la Mort, l’une juste en aval de Zabriskie Point, pour exploiter le borax.

Vers les années 1920, l’activité minière a commencé à devenir moins rentable et la Pacific Coast Borax Company, co-présidée par Christian Zabriskie, commence à chercher d’autres sources de revenu dans la vallée et se tourne vers le tourisme. Encore une similarité avec l’histoire du Grand Canyon! L’auberge de Furnace Creek ouvre en 1927 avec succès. Pour préserver cet environnement particulier et attirer d’avantage de touristes, la compagnie minière défend la protection de la Vallée de la Mort, qui devient National Monument en 1933 et National Park en 1994. L’activité minière creuse de larges fosses qui changent considérablement le paysage. À partir de 1976, une nouvelle loi interdit la prospection minière et régule fortement l’activité minière dans le parc national.

Il est toujours étonnant de rencontrer un buisson bien vert sur le bord de la route!
Furnace Creek Inn

Camping

C’est l’heure d’aller s’installer au camping. Il y a plusieurs options, celle qui me plait le plus est le Texas Springs Campground qui est réservé uniquement aux tentes. Nous tentons donc notre chance. Plusieurs arbustes et petits arbres parsèment le site, la plupart des emplacements où la tente pou être installé à l’ombre sont déjà pris, mais nous trouvons tout de même un emplacement où nous pouvons nous assoir à l’ombre si besoin.

Dès notre arrivée, nous rencontrons notre voisin de camping, John, un vieux routard qui se repose à l’ombre d’un arbuste. Après quelques minutes de conversation, il nous prête un clou et un marteau pour pouvoir planter nos piquets de tente. En effet, la terre du désert, ce n’est pas l’humus des alpages ou de la Nouvelle Angleterre, c’est dur comme de la roche. La technique est donc d’avoir un grand clou et un marteau, de faire les trous avec le clou, puis d’utiliser ces trous pour planter les sardines.

Nous nous acquittons du payement du camping à la borne, puis nous repartons vers le Visitor Center pour glaner des informations et conseils afin de planifier au mieux notre visite.

Cet article fait partie d’une série d’articles consacrés à mon voyage dans l’Ouest des États-Unis en mars-avril 2022. Vous pouvez accéder à la liste des articles de cette série, à l’article précédent (March 22 – Red Rock Canyon National Conservation Area), et à l’article suivant (March 23 – Death Valley (2) – Sud).

March 22 – Red Rock Canyon National Conservation Area

Après la visite du Hoover Dam et un court arrêt à Las Vegas, nous terminons notre journée à la réserve naturelle de Red Rock Canyon.

Les dunes de sable fossile sont l’attraction de ce parc. Elles se sont formées il y a environ 180 millions d’années dans un environnement très sec; l’ensemble du parc d’aujourd’hui était couvert de dunes de sable géantes, qui formaient l’un des plus grands champs de dunes de l’histoire de la Terre. Au fil des millions d’années et par interaction avec les eaux souterraines, ces dunes de sables se sont solidifiées pour former les grès que l’on voit aujourd’hui. Les migrations des dunes sous l’action du vent sont encore visibles grâce aux figures de sédimentation qui forment des strates inclinées qui se recoupent. Par endroits, ces grès sont riches en fer, qui s’est oxydé lorsque la roche s’est retrouvée en contact avec l’atmosphère, donnant à la roche sa couleur rouge.

Lors des pluies, l’eau s’accumule dans les dépressions et les crevasses de la roche, permettant à la végétation de se développer. Certaines espèces animales se sont aussi adaptées à cet environnement où la présence d’eau est éphémère, comme le red-spotted toad. Ce crapaud se terre dans la boue des crevasses lors des périodes sèches et vient pondre dans les mares lorsqu’il pleut. Les œufs éclosent et les tétards se développent rapidement pour atteindre l’âge adulte en 40 jours. Une espèce de crevette est également capable de passer du stade où elles sortent de l’œuf au stade où elles pondent en 15 jours. Les œufs peuvent ensuite survivre des années à la sécheresse et éclosent à la première pluie.

Grimpeurs sur la falaise de grès rouges.
Dunes fossiles et végétation désertique au premier plan.
Dunes fossiles
Cèdre et Yuccas

Après quelques arrêts aux points de vue remarquables, nous terminons notre visite par une randonnée dans un des canyons du parc.

Montée dans le canyon
Descente à l’ombre des parois du canyon avec vue sur les dunes fossiles de grès rouge.
Dunes fossiles au coucher du soleil.

Notre destination du jour est Parhump, un bourg à la frontière avec la Californie, aux portes du parc national de la Vallée de la Mort où nous nous rendons le lendemain.

Sur la route vers Parhump (Nevada), proche de la frontière avec la Californie – des Joshua Trees!

Cet article fait partie d’une série d’articles consacrés à mon voyage dans l’Ouest des États-Unis en mars-avril 2022. Vous pouvez accéder à la liste des articles de cette série, à l’article précédent (March 22 – Hoover Dam), et à l’article suivant (March 23 – Death Valley (1) – Est).