Oct 3 – Old Rag Mountain, VI

Après deux mois de procrastination et un mois d’attente, nous avons reçu notre canapé! C’est un canapé en forme de L qui peut facilement se transformer en lit. On a maintenant la capacité d’accueillir des invités sur plusieurs jours! Enfin… à condition que les gens puissent venir nous rendre visite.

Comme expliqué dans un article précédent, Amaury habite temporairement à proximité de Washington DC, il est donc l’un des rares à pouvoir venir. Les premier week-end qu’il a passé avec nous, nous sommes restés proche de Germantown, au Clopper Lake. En le ramenant au métro le dimanche soir, il me dit que l’une des randonnées qu’il aurait aimée faire est l’ascension de Old Rag Mountain dans le parc national de Shenandoah, en Virginie.

Au cours de la semaine, on se motive pour organiser la sortie. La randonnée est notée très fréquentée sur alltrails.com, on prévoit donc de partir tôt pour s’assurer une place sur le parking. Le samedi matin on quitte la maison avant 6h, on traverse une partie de la Virginie, et on arrive au parking du parc national vers 8h. Le parking est déjà plein et on est l’une des dernières voitures à avoir une place sur le parking secondaire. Les autres devront louer une place dans un des champs des propriétés environantes.

Nous voilà partis pour une boucle d’environ 16 km et 800 m de dénivelé pour atteindre le sommet de Old Rag Mountain, qui culmine à 3284 feets (1000 m) dans le massif des Blue Ridge Mountains, au cœur des Appalaches. Contrairement à la majorité des sommets des Blue Ridge Mountains, le sommet de Old Rag Mountain et la crête qui y mène sont hors de la forêt, ce qui dégage la vue sur les montagnes environnantes. Le chemin devient plus difficile au niveau de la crête et plusieurs passages nécessitent quelques pas d’escalade.

Attente d’environ 45 min pour passer le premier passage difficile, on en profite pour sortir le pain et le fromage et grignoter sous notre masque!

L’histoire des roches du Shenandoah National Park est complexe, certaines d’entre elles ayant traversé plusieurs cycles orogéniques (morcellement d’un continent, ouverture d’un océan, fermeture de cet océan, formation d’une chaine de montagnes, effondrement de cette chaine de montagnes et érosion, et ça recommence: morcellement du continent,…). Voici les principales étapes de l’histoire des Appalaches:

  • Les roches les plus anciennes témoignent de la formation d’une chaine de montage appelée Grenville, il y a environ 1.2-1.0 milliards d’années. Cette chaine de montagnes est ensuite érodée au fil des millions d’années.
  • Il y a environ 570 millions d’années, la région connait un volcanisme intense associé à l’ouverture d’un nouvel océan: le Iapetus. Les gneiss, les roches volcaniques, et les roches sédimentaires qu’on observe dans le Shenandoah National Park témoignent de cette histoire passée.
  • Il y a environ 350-300 millions d’années, la fermeture de l’océan Iapetus provoque la formation d’une chaine de montagne de taille équivalente à l’Himalaya aujourd’hui: la chaine Hercynienne. Le Massif Armoricain et le Massif Central en sont les témoins en France et les Appalaches en sont les restes aux États-Unis. Cette collision continentale permet de regrouper les continents en un méga-continent appelé la Pangée.
  • La Pangée se morcelle ensuite, notamment avec l’ouverture de l’Atlantique il y a environ 200 millions d’années.

On est donc en train de rendre visite à la chaine de montagnes cousine de mon Massif Armoricain natal!

On est au sommet, c’est l’heure de la pause pique-nique et d’une mini-sieste avant de redescendre.

Sept 21 – Ladder and Painted Canyons

Lors du camps de terrain sur la géothermie dans l’Imperial Valley, le dernier arrêt sur la zone de faille de San Andreas était aussi le départ du chemin de randonnée dans le Ladder Canyon. J’avais beaucoup aimé l’endroit la première fois, j’ai donc décidé d’y retourner tôt le samedi matin avec 2L d’eau.

Conduite d’eau au milieu du désert pour l’irrigation des cultures
Vue vers Joshua Tree National Park, l’étape suivante de ma journée
Vue vers la Salton Sea
Chemin qui mène au départ de la rando
Vue vers le Nord de la zone de faille de San Andreas
Vue vers le Sud de la zone de faille de San Andreas
Roches métamorphiques
Canyon dans les roches sédimentaires
Canyon dans les roches sédimentaires
Je vais bientôt quitter la relative fraicheur du canyon.
Arrivée sur le plateau, la vue sur les badlands est manifique! Voyez vous la zone de faille de San Andreas, là où les couches sédimentaires se verticalisent?
Sur cette photo, de plus près, c’est plus visible!
Le Ladder Canyon, par lequel je suis montée.
Vue sur le Painted Canyon
Vue sur la Salton Sea au loin, depuis le point culminant de ma rando.
Haut du Painted Canyon, la végétation est complètement différentes des palmiers de Andreas et Palm Canyon!
Descente dans le Painted Canyon depuis le plateau.
Dans le Painted Canyon, on voit la limite entre les roches métamorphiques du socle (foncées) et les roches sédimentaires claires au-dessus. On observe ces deux types de roches et la limite entre les deux de nombreuses fois dans ce canyon.
De l’ombre! On approche de 10h, il commence à faire très chaud.
Déformations dans les roches métamorphiques
Goulet entre deux portions larges du canyon, c’est la dernière échelle! C’est le seul endroit de la balade où j’ai vu de l’humidité. Attention aux abeilles elles se sont installées dans un trou juste au niveau du chemin.

Cet article fait partie d’une série d’articles sur mon séjour à Palm Springs en Californie. La prochaine étape de la journée est le Joshua Tree National Park où poussent des plantes insolites.

Sept 18-19 – Camp de terrain dans l’Imperial Valley

Un camp de terrain de deux jours était organisé par la conférence sur les centrales géothermiques et la géologie de l’Imperial Valley. Voici l’histoire en photos!

En route vers l’Imperial Valley

Palm Springs est à un peu plus de deux heures de route de la frontière avec le Mexique. Notre hôtel étant proche de la frontière, nous sommes donc allés saluer le Mexique entre les barreaux. À certains endroits, le Westside Main Canal borde la frontière et son fort courant est dangereux pour les personnes tentant de traverser.

Camion probablement en provenance du Mexique, la Salton Sea en arrière plan.
Centrale géothermique à la tombée de la nuit. On voit bien les tours de refroidissement sur la gauche.

Histoire et géologie de la Salton Sea

La Salton Sea a été formée artificiellement et involontairement au début du XXe siècle. Pour irriguer la vallée et développer l’agriculture dans la région, une partie de la Colorado River devait être déviée vers l’Imperial Valley (entre la Salton Sea et le Mexique). Mais à la suite d’une inondation en 1905, deux rivières se sont formées et toute la Colorado River s’est déversée dans cette dépression, formant un lac qui est maintenant la Salton Sea.

Aujourd’hui, l’apport d’eau dans la Salton Sea est moindre que les quantités d’eau utilisées pour irriguer les cultures de la vallée et l’évaporation. La profondeur et la taille du lac diminue donc au cours du temps, alors que la salinité augmente. La Salton Sea sert de refuge pour faire une pause au cours de la migration de plusieurs espèces d’oiseaux. La diminution du niveau de l’eau menace les zones humides en bordure du lac et menace donc plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs malgré les efforts de préservation.

La Salton Sea avec en premier plan les terres nouvellement hors de l’eau.

Le contexte géologique permet d’expliquer la formation d’une dépression à cet endroit. La faille de San Andreas est connue pour menacer la ville de San Francisco d’un séisme imminent (sur l’échelle des temps géologiques). Cette même faille traverse toute la Californie. Le mouvement le long de la faille est horizontal dextre, c’est à dire que si on se trouve d’un côté de la faille, la région de l’autre côté de la faille se déplace vers la droite. Au Sud de la Salton Sea, la faille se décale pour former deux segments reliés par un relais. Lorsqu’il y a un mouvement le long des deux segments de la faille, ce mouvement provoque un étirement de la croûte terrestre au niveau du relais.

Les conséquences visibles en surface sont la dépression au niveau de la Salton Sea, du volcanisme, et des sources d’eau chaude. Et lorsqu’on creuse un peu, la région a des ressources géothermiques particulièrement intéressantes. Les centrales géothermiques se sont donc nombreuses dans l’Imperial Valley.

Coulée de lave au niveau d’un ancien volcan.
Elmore Geothermal Facility au Sud de la Salton Sea
Elmore Geothermal Facility, de gauche à droite on voit la centrale géothermique, les tours de refroidissement et le puis d’extraction du fluide géothermique.
Elmore Geothermal Facility
Zone humide au Sud de la Salton Sea
Des ibis et de l’herbe verte!

Volcans de boue (mud pots)

On ne sait pas exactement quel est le mécanisme de formation de ces petits volcans de boue. Ils peuvent être dus à la présence d’un réservoir de CO2 dans le sous-sol. Pendant qu’on était sur le site, il y a eu de nombreuses petites explosions avec parfois des projections de boues à quelques dizaines de centimètres de hauteur.

Volcans de boue devant la John L Featherstone Power Station

Sur le trajet du retour vers Palm Springs, on a observé un phénomène similaire a ces volcans de boue, sauf que celui-ci se déplace à la vitesse de quelques mètres par an (si je me souviens bien)… et en direction de la voie de chemin de fer. Des travaux sont donc en cours pour dévier la voie de chemin de fer et laisser passer le volcan de boue.

Petite visite guidée d’une centrale géothermique

Un des plus gros puits d’extraction de fluide géothermique dans le monde.

Pour créer de l’électricité à partir de fluides géothermaux, plusieurs étapes sont nécessaires:

1. Le(s) puit(s) d’extraction: cette étape nécessite de prospecter pour trouver des ressources de fluides géothermaux ayant une température suffisamment élevée pour la production d’électricité (< 150 degrés celsius), puis de creuser et d’entretenir les puits d’extraction. Les fluides géothermaux peuvent contenir des quantités considérables de substances dissoutes, dont du soufre, qui peuvent corroder les matériaux utilisés pour le revêtement du puits.

2. Les fluides géothermaux de l’Imperial Valley contiennent une large proportion de charge dissoute. Avant de pouvoir utiliser le fluide pour la production d’électricité, une usine chimique sépare les éléments dissous de l’eau. Certains pensent pouvoir récupérer le lithium contenu dans ces boues pour la production de batteries.

3. Après purification, une ou plusieurs étapes de décompression transforme l’eau en vapeur, qui est utilisée pour faire tourner la turbine localisée dans le compartiment cylindrique peint en jaune.

4. Et voilà le résultat, des petits électrons!

5. Le fluide géothermique est ensuite refroidi et réinjecté dans le réservoir géothermique pour s’assurer de la viabilité de la ressource géothermique dans le temps.

La faille de San Andreas

On devrait plutôt parler d’une zone de faille. En effet, dans la zone où on est allés, au Nord-Ouest de Mecca, au Nord de la Salton Sea, on ne voit pas clairement de cassure, mais plutôt une zone de déformation. Les couches géologiques sont globalement horizontales dans la région et elles se verticalisent au niveau de la faille. Cela a été l’occasion d’une courte balade jusqu’à l’entrée du Ladder Canyon.

Roches métamorphiques du socle, sous les couches sédimentaires.
Roches métamorphiques du socle, sous les couches sédimentaires.
Roches métamorphiques du socle, sous les couches sédimentaires.
Roches sédimentaires, couches horizontales
Roches sédimentaires, couches horizontales
Figures de dépôt dans les couches sédimentaires
Roches sédimentaires, couches horizontales
Roches sédimentaires, couches horizontales
Couches sédimentaires verticales, zone de faille de San Andreas.
Couches sédimentaires verticales, zone de faille de San Andreas.
Couches sédimentaires verticales, zone de faille de San Andreas.
Couches sédimentaires verticales, zone de faille de San Andreas.
Couches sédimentaires verticales, zone de faille de San Andreas.
Lorsqu’on repart, le soleil est plus bas et les couleurs plus vives.

Cet article fait partie d’une série d’articles sur mon séjour à Palm Springs en Californie. Je reviens pour randonner dans le Ladder Canyon quelques jours plus tard.