Lors du camps de terrain sur la géothermie dans l’Imperial Valley, le dernier arrêt sur la zone de faille de San Andreas était aussi le départ du chemin de randonnée dans le Ladder Canyon. J’avais beaucoup aimé l’endroit la première fois, j’ai donc décidé d’y retourner tôt le samedi matin avec 2L d’eau.
Des échelles ont été mises en place pour passer les passages trop pentus du canyon, d’où son nom: Ladder Canyon.
On a tout juste la place de passer par endroits!
Je vais bientôt quitter la relative fraicheur du canyon.Arrivée sur le plateau, la vue sur les badlands est manifique! Voyez vous la zone de faille de San Andreas, là où les couches sédimentaires se verticalisent?Sur cette photo, de plus près, c’est plus visible!Le Ladder Canyon, par lequel je suis montée.Vue sur le Painted Canyon Vue sur la Salton Sea au loin, depuis le point culminant de ma rando.Haut du Painted Canyon, la végétation est complètement différentes des palmiers de Andreas et Palm Canyon!Descente dans le Painted Canyon depuis le plateau.Dans le Painted Canyon, on voit la limite entre les roches métamorphiques du socle (foncées) et les roches sédimentaires claires au-dessus. On observe ces deux types de roches et la limite entre les deux de nombreuses fois dans ce canyon.De l’ombre! On approche de 10h, il commence à faire très chaud.Déformations dans les roches métamorphiquesGoulet entre deux portions larges du canyon, c’est la dernière échelle! C’est le seul endroit de la balade où j’ai vu de l’humidité. Attention aux abeilles elles se sont installées dans un trou juste au niveau du chemin.
Cet article fait partie d’une série d’articles sur mon séjour à Palm Springs en Californie. La prochaine étape de la journée est le Joshua Tree National Park où poussent des plantes insolites.
Un camp de terrain de deux jours était organisé par la conférence sur les centrales géothermiques et la géologie de l’Imperial Valley. Voici l’histoire en photos!
En route vers l’Imperial Valley
Palm Springs est à un peu plus de deux heures de route de la frontière avec le Mexique. Notre hôtel étant proche de la frontière, nous sommes donc allés saluer le Mexique entre les barreaux. À certains endroits, le Westside Main Canal borde la frontière et son fort courant est dangereux pour les personnes tentant de traverser.
Camion probablement en provenance du Mexique, la Salton Sea en arrière plan.
Centrale géothermique à la tombée de la nuit. On voit bien les tours de refroidissement sur la gauche.
Histoire et géologie de la Salton Sea
La Salton Sea a été formée artificiellement et involontairement au début du XXe siècle. Pour irriguer la vallée et développer l’agriculture dans la région, une partie de la Colorado River devait être déviée vers l’Imperial Valley (entre la Salton Sea et le Mexique). Mais à la suite d’une inondation en 1905, deux rivières se sont formées et toute la Colorado River s’est déversée dans cette dépression, formant un lac qui est maintenant la Salton Sea.
Aujourd’hui, l’apport d’eau dans la Salton Sea est moindre que les quantités d’eau utilisées pour irriguer les cultures de la vallée et l’évaporation. La profondeur et la taille du lac diminue donc au cours du temps, alors que la salinité augmente. La Salton Sea sert de refuge pour faire une pause au cours de la migration de plusieurs espèces d’oiseaux. La diminution du niveau de l’eau menace les zones humides en bordure du lac et menace donc plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs malgré les efforts de préservation.
La Salton Sea avec en premier plan les terres nouvellement hors de l’eau.
Le contexte géologique permet d’expliquer la formation d’une dépression à cet endroit. La faille de San Andreas est connue pour menacer la ville de San Francisco d’un séisme imminent (sur l’échelle des temps géologiques). Cette même faille traverse toute la Californie. Le mouvement le long de la faille est horizontal dextre, c’est à dire que si on se trouve d’un côté de la faille, la région de l’autre côté de la faille se déplace vers la droite. Au Sud de la Salton Sea, la faille se décale pour former deux segments reliés par un relais. Lorsqu’il y a un mouvement le long des deux segments de la faille, ce mouvement provoque un étirement de la croûte terrestre au niveau du relais.
Les conséquences visibles en surface sont la dépression au niveau de la Salton Sea, du volcanisme, et des sources d’eau chaude. Et lorsqu’on creuse un peu, la région a des ressources géothermiques particulièrement intéressantes. Les centrales géothermiques se sont donc nombreuses dans l’Imperial Valley.
Coulée de lave au niveau d’un ancien volcan.Elmore Geothermal Facility au Sud de la Salton SeaElmore Geothermal Facility, de gauche à droite on voit la centrale géothermique, les tours de refroidissement et le puis d’extraction du fluide géothermique.Elmore Geothermal FacilityZone humide au Sud de la Salton SeaDes ibis et de l’herbe verte!
Volcans de boue (mud pots)
On ne sait pas exactement quel est le mécanisme de formation de ces petits volcans de boue. Ils peuvent être dus à la présence d’un réservoir de CO2 dans le sous-sol. Pendant qu’on était sur le site, il y a eu de nombreuses petites explosions avec parfois des projections de boues à quelques dizaines de centimètres de hauteur.
Volcans de boue devant la John L Featherstone Power Station
Sur le trajet du retour vers Palm Springs, on a observé un phénomène similaire a ces volcans de boue, sauf que celui-ci se déplace à la vitesse de quelques mètres par an (si je me souviens bien)… et en direction de la voie de chemin de fer. Des travaux sont donc en cours pour dévier la voie de chemin de fer et laisser passer le volcan de boue.
Petite visite guidée d’une centrale géothermique
Un des plus gros puits d’extraction de fluide géothermique dans le monde.
Pour créer de l’électricité à partir de fluides géothermaux, plusieurs étapes sont nécessaires:
1. Le(s) puit(s) d’extraction: cette étape nécessite de prospecter pour trouver des ressources de fluides géothermaux ayant une température suffisamment élevée pour la production d’électricité (< 150 degrés celsius), puis de creuser et d’entretenir les puits d’extraction. Les fluides géothermaux peuvent contenir des quantités considérables de substances dissoutes, dont du soufre, qui peuvent corroder les matériaux utilisés pour le revêtement du puits.
2. Les fluides géothermaux de l’Imperial Valley contiennent une large proportion de charge dissoute. Avant de pouvoir utiliser le fluide pour la production d’électricité, une usine chimique sépare les éléments dissous de l’eau. Certains pensent pouvoir récupérer le lithium contenu dans ces boues pour la production de batteries.
3. Après purification, une ou plusieurs étapes de décompression transforme l’eau en vapeur, qui est utilisée pour faire tourner la turbine localisée dans le compartiment cylindrique peint en jaune.
4. Et voilà le résultat, des petits électrons!
5. Le fluide géothermique est ensuite refroidi et réinjecté dans le réservoir géothermique pour s’assurer de la viabilité de la ressource géothermique dans le temps.
La faille de San Andreas
On devrait plutôt parler d’une zone de faille. En effet, dans la zone où on est allés, au Nord-Ouest de Mecca, au Nord de la Salton Sea, on ne voit pas clairement de cassure, mais plutôt une zone de déformation. Les couches géologiques sont globalement horizontales dans la région et elles se verticalisent au niveau de la faille. Cela a été l’occasion d’une courte balade jusqu’à l’entrée du Ladder Canyon.
Roches métamorphiques du socle, sous les couches sédimentaires.Roches métamorphiques du socle, sous les couches sédimentaires.Roches métamorphiques du socle, sous les couches sédimentaires.Roches sédimentaires, couches horizontalesRoches sédimentaires, couches horizontalesFigures de dépôt dans les couches sédimentaires
Roches sédimentaires, couches horizontalesRoches sédimentaires, couches horizontalesRoches sédimentaires, couches horizontalesCouches sédimentaires verticales, zone de faille de San Andreas.Couches sédimentaires verticales, zone de faille de San Andreas.Couches sédimentaires verticales, zone de faille de San Andreas.Couches sédimentaires verticales, zone de faille de San Andreas.Couches sédimentaires verticales, zone de faille de San Andreas.Lorsqu’on repart, le soleil est plus bas et les couleurs plus vives.
Cet article fait partie d’une série d’articles sur mon séjour à Palm Springs en Californie. Je reviens pour randonner dans le Ladder Canyon quelques jours plus tard.
La conférence proposait une excursion le dimanche matin dans deux oasis, je me suis donc inscrite. Notre petit groupe est parti tôt pour avoir le temps d’explorer Andreas Canyon et Palm Canyon avant les heures les plus chaudes de la journée. Ces deux canyons sont sur des territoires appartenant aux Indiens Cahuilla, qui prennent soin de conserver les lieux à l’état naturel.
Andreas Canyon
Le massif du Mont San JacintoVue sur la Coachella valleyLes Indiens Cahuilla utilisaient cette plateforme rocheuse comme mortier pour broyer des plantes, formant au fil des ans des creux dans la roche.Les arbres sur la droite de la photo sont les palmiers natifs de la région. Au cours de la croissance de l’arbre, les palmes fanent. Si elles ne sont pas coupées elles restent le long du tronc, permettant à l’arbre de conserver plus d’humidité. C’est aussi un refuge idéal pour les serpents…
Source d’eau chaude
Plus on remonte la vallée dans le canyon plus l’ombre se fait rare et la végétation rase. D’après notre guide la maison en haut à droite derrière les palmiers a été construite par une riche famille et l’avancée arrondie est une piscine, en plein désert… En bas à gauche c’est un refuge du temps des chercheurs d’or. Le niveau de vie n’était visiblement pas le même.Nous voilà sur le chemin au-dessus du canyon.
Le massif du Mont San Jacinto au-dessus de la palmeraie.
Il commence à faire bien chaud. Dès qu’on s’éloigne de l’oasis la végétation est beaucoup plus rase. Il y a quelques années il y a eu des inondations dans la région et le printemps suivant tous les cactus étaient en fleur.Descente au-dessus du canyon.
Cactus, environ 1,80m de haut
Vue vers les montagnes du Joshua Tree National Park de l’autre côté de la Coachella Valley
Palm canyon
La roche fendue, sur la route entre Andreas et Palm Canyon.Vue sur Palm Canyon avant d’y descendre par un petit chemin escarpé.
Arche formée par une racine de palmier
Source d’eau chaude (30-40 degrés celcius)Source d’eau chaude, régulièrement des bulles de CO2 remontent à la surface.
Rayons de miel à l’ombre dans une fracture de la roche
Une libellule au-dessus de la rivière
La rivière qui irrigue l’oasis de Palm Canyon
Cet article fait partie d’une série d’articles sur mon séjour à Palm Springs en Californie. Quelques jours après la conférence je suis allée faire une randonnée dans des canyons asséchés (du moins en cette saison): le Ladder Canyon et le Painted Canyon.